
Je me suis longtemps considérée comme une éternelle ado, en crise permanente.
Pendant longtemps, c’est-à-dire, jusqu’à l’âge de 40 ans bien tassés, je me sentais comme une ado en crise perpétuelle.
Je réagissais au quart de tour et je me sentais profondément blessée par une quelconque remarque. Je me trouvais soupe-au-lait, émotive et toujours en remise en question.
Après un diagnostic psy pour Lucas (mon fils cadet), une thérapie (pour moi) et une formation de coaching, je mets des mots sur qui je SUIS et sur ce que je VIS. Je suis ce qu’on appelle HPI (haut potentiel intellectuel) !!!
Ahhhh est-ce un gros mot ? Mais non, c’est juste le terme utilisé pour définir un mode de fonctionnement différent des 97.7% de la population. Et je vous rassure ce n’est pas une vilaine maladie contagieuse.
Evidemment, le jour où la psychologue me dit, au bout de 10mn d’entretien avec mon fils et moi : « Tout porte à croire que votre fils est précoce ! ». Alors là, elle est bonne celle-là ! Lucas est un enfant intelligent, certes, avec un caractère bien trempé et une tendance à ne pas aimer les contraintes. Mais de là à dire qu’il est précoce. Et d’ailleurs, qu’est-ce que cela veut dire ? C’est un génie qui s’ignore ? (Lucas est un élève moyen qui n’aime pas faire ses devoirs, apprendre ses leçons et est en perpétuelle rébellion)
Suite à ce rendez-vous, je commence mes recherches plus précises. Lucas passe le test. Cela se confirme !!
D’un côté, je suis soulagée parce que je peux mettre un mot sur sa « singularité » puis d’un autre, ça me fait une belle jambe !! Qu’est-ce que j’en fais ? Comment vais-je faire pour l’aider à bien grandir ? Et aussi comment vais-je faire pour ne pas m’épuiser ?
Cet évènement est vraiment un tournant de ma vie.
Alors je me plonge dans des lectures traitant de cette « spécificité » Je regarde des émissions et des vidéos Youtube sur les zèbres, hpi, hypersensibles, la pédagogie positive etc…. Je comprends enfin mon mode de fonctionnement.
Je commence à comprendre TOUTE ma vie !!! Bloddy hell …..
Je ne vous explique pas le bazar !
Je comprends pourquoi j’étais susceptible, pourquoi je m’ennuyais très vite en cours et au boulot (dès que j’avais fait le tour d’un poste, j’avais envie de faire autre chose), pourquoi j’avais du mal à me faire comprendre des autres, pourquoi je ne me sentais jamais à ma place (je souffrais du syndrome d’imposture – sujet d’un futur podcast), pouquoi on me disait toujours que j’étais « trop ».
Trop naïve, trop gentille, trop bavarde, trop ceci ou cela !
C’est parce que mon cerveau va vite. Il comprend plein de concepts sans que je n’arrive à savoir comment ! Il analyse les situations à 200 à l’heure, et j’ai toujours une longueur d’avance. Ajoutée à ce cerveau une hypersensibilité qui me donne la capacité de me mettre à la place des gens, de les comprendre et même de détecter leurs ressentis.
Ce qui provoquait des frustrations énormes, des montées en puissance émotionnelle (euphorie vs profonde tristesse), des colères, de l’incompréhension, une sensation insoutenable d’être en décalage, d’être une extraterrestre !
Donc d’être en pleine crise d’adolescence perpétuelle………. C’était épuisant !
Après une période de colère intense envers tous les autres, et surtout de mon entourage proche, qui ne m’acceptaient pas telle que je suis, j’ai lâché prise pour me concentrer sur moi !
Alors j’ai mis du temps à m’accepter comme je suis. C’était comme-ci je découvrais une nouvelle moi ! C’est une sensation troublante.
Et ensuite, il a fallu apprivoiser cette femme. Apprendre à la connaître et à l’aimer pour qui elle est ! Et non plus, celle qui a fait en sorte de se conformer à ce qu’elle croyait qu’on attendait d’elle : gentille, souriante, qui ne s’impose pas « trop », qui « fait » plaisir aux autres avant elle, qui s’oublie en résumé(= fabrication d’un faux-self / d’une carapace).
C’est ainsi que j’ai commencé le PARCOURS vers Ma congruence.
Je devais arrêter de me prendre la tête en tentant de tout analyser et de tout décortiquer pour faire en sorte d’être comprise par les autres, avec qui j’aspirais tant à construire des amitiés, des amours, des associations, des partenariats.
Parce que non seulement je voulais comprendre chaque situation, chaque conversation, chaque échange mais aussi chaque émotion ressentie.
Après la phase de compréhension théorique, je suis passée à la pratique. Comment lâcher-prise ? Comment se « foutre la paix » (dixit F. Midal) ? Comment vivre avec toutes ces émotions (les miennes et ceux que j’absorbe) ? Comment faire de ma singularité une force ?
- je pratique la méditation à la façon Fabrice Midal lorsque je sens que ma tête va exploser
- je marche ou cours ou me baigne (plutôt accompagnée pour discuter et éviter que mes pensées prennent le dessus)
- J’ai pardonné à la petite fille que j’étais (j’ai longtemps culpabilisé d’être en conflit avec ma mère)
- J’apprends(encore) à différencier mes émotions de ceux des autres
- J’apprends à faire confiance à mon intuition et donc à moi-même
- Je regarde le chemin parcouru et je suis fière (égoïsme positif)
Je ne dis pas que j’y suis arrivée totalement. J’ai beaucoup progressé. Aujourd’hui, je ne m’acharne plus lorsque je sens qu’il y a une forte résistance. Je vis les échecs avec plus de tendresse envers moi-même. Et cela élimine pas mal de frustrations.
Quoiqu’il en soit, je suis aujourd’hui persuadée que la « crise d’adolescence » n’existe pas. Que c’est un concept inventé par les parents pour se dédouaner des problématiques liés à cette phase de l’adolescence où ils perdent pieds face à leurs enfants qui deviennent adultes. Et qui donc osent s’affirmer dans leurs différences.
Alors Hpi, hypersensibles ou pas, vous, parents, regardez vos enfants, apprenez à les connaître et cessez de projeter sur eux sur vos aspirations. Et vous, ados, regardez vos parents comme des personnes d’expérience et non comme des ennemis, prenez la distance nécessaire pour vous construire, assumez vos choix et rêvez !!!!
En résumé, apprenez à vous connaître et aimez-vous bordel !!
Manuella Radigue – Coach professionnelle spécialisée dans le coaching des HPi et hypersensibles.